Ainsi la ville s’assoupit. Dehors, le vert reparut, reprit ses droits. La moindre anfractuosité dans la pierre ou le bitume fut bientôt envahie de touffes d’herbes folles. Incontrôlée, la croissance des arbres transforma les avenues en petits bois de plus en plus serrés. Le gonflement des racines craquelait chaque jour un peu plus les chaussées, chaque fissure étant immédiatement fouillée et retournée par les animaux qui prenaient leurs aises — puis retournée à la verdure. Les animaux, (…)
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Articles les plus récents
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Jeudi 4 juin
4 juin 2020, par Jérémie Szpirglas -
Mercredi 3 juin
3 juin 2020, par Jérémie SzpirglasNous sommes tous, quasi sans exception, des créatures d’habitudes. Y compris ceux qui clament aimer et ne vivre que pour l’inattendu. Au vrai, l’inattendu vécu au quotidien, voire attendu au quotidien, est-il autre chose qu’une habitude ? Immédiatement, même si ça n’a pas beaucoup de rapport, mes pensées vont, presque nostalgique, aux délices du Rivage des Syrtes de Julien Gracq, et, dans une moindre mesure, au Désert des Tartares de Dino Buzzati, ainsi qu’à la chanson « Zangra » de Jacques (…)
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Mardi 2 juin
2 juin 2020, par Jérémie SzpirglasCela étant, pendant fort longtemps, cette drogue fut sous contrôle. Malgré un coût à l’achat somme toute modique, sa diffusion fut maîtrisée. Même lorsque le génie sapiens en permit la reproductibilité industrielle, se dégâts furent limités. Il convient toutefois de noter quelques explosions épidémiques localisées, de plus ou moins vaste ampleur. Citons par exemple la célèbre explosion épidémique de Woodstock en l’an 1969 de l’ère catastrosapiensienne, largement commentée et analysée, ou les (…)
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Lundi 1er juin
1er juin 2020, par Jérémie SzpirglasÀ l’heure où la méthode scientifique est placée comme jamais sous le feu des projecteurs, et en dépit des efforts de certains de s’en affranchir, de la tordre pour servir leurs propres desseins, ou de la faire entrer au chausse-pied dans leurs visions étriquées du monde, je me trouve ébahi, et un bras abruti, face à une constatation fascinante : nous sommes tous des scientifiques nés. Il suffit de regarder les bébés ! Alors oui, peut-être, vous avez raison : ils manquent un peu de rigueur et (…)
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Dimanche 31 mai
31 mai 2020, par Jérémie SzpirglasOn a parfois le sentiment que les bébés vivent et évoluent en apesanteur. Quand on les voit allongés, c’est particulièrement évident : la manière dont ils lèvent leurs jambes et les balancent dans l’air au-dessus d’eux, basculant sur leur dos à la manière d’un bilboquet. Ou cette main portée (et longuement maintenue) au niveau du visage, portant le doudou à la bouche, ou son étiquette sous le nez, le bras levé comme si aucun poids ne le ramenait vers le bas. L’impression est encore renforcée (…)
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Samedi 30 mai
30 mai 2020, par Jérémie SzpirglasDepuis quelques jours, j’assiste impuissant au retour d’un rêve que je fais de manière récurrente, avec évidemment de menues variations d’une fois sur l’autre. Ce peut être un bateau (parfois un dériveur, parfois un bel habitable) qui prend l’eau en avançant, un port qui s’assèche à mesure que je rentre dans le chenal (et je suis bien souvent étonné qu’un petit bout de quille, sur une petite surface de boue, suffit au bateau pour se frayer un chemin). Ces derniers jours, c’est un ponton de (…)
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Vendredi 29 mai
29 mai 2020, par Jérémie SzpirglasCertains disent que cette curieuse maladie se serait appelée « musique ». Malgré le titre de l’opuscule que nous avons déjà mentionné (Le basson n’est pas contagieux), la « musique » serait en réalité fort contagieuse. Une véritable maladie infectieuse — on le constate particulièrement à la lecture de tous ces témoignages de crises collectives. Mais, jusqu’à la General Pause, les crises semblaient de courte durée. On les estime à quelques minutes ou quelques heures, rarement plus. Les durées (…)
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Jeudi 28 mai
28 mai 2020, par Jérémie SzpirglasChaque jour, écrire au moins une page. Quoi qu’il arrive. Avancer. C’est dur. Une discipline de fer. Certains jours, ça vient avec simplicité, naturel. On croirait un jeu d’eau ravélien (même si je suis à peu près certain que ces jeux d’eau ne devaient pas lui venir aussi simplement que ça non plus). D’autres jours, c’est beaucoup laborieux. Ça s’en ressent sur la page, à la lecture. Hier par exemple, c’était compliqué. Ces difficultés peuvent bien évidemment s’expliquer de multiples façons, (…)
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Mercredi 27 mai
27 mai 2020, par Jérémie SzpirglasLes braises de la révolte refroidissaient. Nul besoin d’être grand clerc pour le constater : on le voyait bien. On ne faisait pas grand-chose pour les entretenir. Bientôt, on n’essaya même plus de jouer du tison pour en faire jaillir l’étincelle. Bien sûr, on se disait bien qu’on aurait peut-être besoin un jour, à tout hasard, alors on les veillait, sous la cendre, de loin en loin. Difficile d’y reconnaître les flammes dansantes qu’elles furent un jour. Difficile, aussi, de croire que (…)
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Mardi 26 mai
26 mai 2020, par Jérémie SzpirglasTous les témoignages dont nous disposons sont de seconde main — ou d’origine douteuse —, et pourrait très bien être très largement postérieure aux événements qui nous occupent. Toutefois, avec toutes les pincettes qu’on imagine, nous sommes en mesure d’établir une première idée de chronologie des événements. D’abord, des récits antérieurs à la crise nous laissent soupçonner que des crises collectives très localisées ont été observées, bien avant la période de la General Pause. Mais ces (…)