Fragment II
Fragment — Évitement — Manquement
mercredi 24 février 2010, par
Encore un.
Ils sont nombreux. Nombreux, ceux qui essaient de lui ressembler. Qui imitent son look, cultivent le mal rasé, le plus ou moins sale.
Ils oublient toujours que tout ça n’était pour lui qu’apparence. Ce look n’avait de sale et de mal ficelé que ce qu’il renvoyait à l’œil indiscret et myope.
Encore un.
On les repère de loin. Pas même besoin d’être vous. Même moi. Je me dis : encore un.
Ils sont nombreux. Nombreux, ceux qui essaient de lui ressembler. Qui imitent ce qu’ils croient qu’il était.
Certains détails sont aisés
Facile d’être mal rasé
La clope toujours allumée
Silhouette boudeusement courbée
Voix traînante
Mèches grisonnantes
Allure nonchalante
Lippe pendante
Qui renvoie dans son coin
Qui envoie chier avec dédain
Et tout ça qui dit que suis vain
« M’en fous » presque indistinct
Les astuces
cette joie d’adolescent
cette naïveté qui s’allume et dévoile son âme d’enfant
intacte, bien loin de tout ça,
quand la langue lui découvre un de ces tours dont elle a le secret.
Y en a qu’en font trop.
Se droguent, s’alcoolisent, se shootent, se gueulent, se vautrent, s’oublient, vieillards précoces, séniles artificieux artificiels, se laissent pousser trop leurs cheveux, n’écrasent pas leurs cigarettes — variantes sans intérêt.
C’est dans la contrainte que se dévoile le génie. Il faut avoir ce nez, pour jouer avec et le dépasser.
Vous vous détournez, je vous vois vous détourner. C’est facile, c’est déjà fait, faites autres chose, enfin, trouvez-vous.
Savoir la classe.
Essayer la mèche.
Essayer l’œil pervers.
Essayer la barbe,
la vraie,
celle du marin,
de celles qu’on décoiffe,
qu’on désordonne.
Essayer l’absurde,
essayer le crapuleux,
le vulgaire.
Mais ne plus chercher là,
sarcasme provocation.
Chercher fin
chercher intelligent.
Besoin de cultiver, de contraindre.
Stop.