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Jeudi 18 juin

18 juin 2020

Confiance

Quand j’y songe, la confiance est véritablement un concept clef.
La question se pose pour moi particulièrement aujourd’hui car, outre les crèches et écoles auxquelles on ne peut plus se fier réellement depuis trois mois (sans parler des grèves hivernales : cette année a été compliquée !), aujourd’hui, notre (deuxième : la première s’en est brutalement retournée dans sa famille dans les Pyrénées, trois jours avant le confinement : disons qu’elle a eu le nez creux) baby-sitter nous a posé un (énième) lapin aujourd’hui. Ce qui signifie, pour le dire simplement, que mon après-midi de travail est flinguée. En même temps que les quelques lambeaux de confiance que je plaçais encore en elle.
Mais plus encore que ces contingences matérielles — assez ennuyeuses, avouons-le —, la confiance, en tant que double du doute, joue un rôle moteur primordiale dans nos vies et nos sociétés. Confiance en son semblable d’abord : confiance en son prochain, confiance en ses voisins (sa gardienne), confiance en sa police (tiens, tiens), confiance en ses gouvernants (tiens, tiens, tiens), confiance en ses collaborateurs, confiance en ceux qui travaillent pour nous. Confiance en ses amis et proches ensuite : ceux ou celles que l’on aime et dont on partage la vie (j’avoue : je crois être assez bien doté dans ce domaine-là, et je mesure chaque jour combien cela est précieux).
Mais poussons un peu plus loin : on entre dans le domaine de la philosophie, bien sûr (et je suis conscient que je ne réinvente pas ici l’eau tiède) : confiance en ses perceptions (bonjour Descartes), confiance en son intellect, en la science (la gravité, le temps, la médecine), confiance éventuelle en quelque chose qui nous dépasse (bonjour Blaise). Tout simplement, lorsque je me couche le soir, je place inconsciemment confiance en mon expérience, mon vécu, mes habitudes, qui me disent que, a priori, je devrais me réveiller le lendemain.
N’empêche, cette histoire de confiance me turlupine, je ne sais pourquoi. Peut-être parce que, justement, ma vie repose que sur une série d’axiomes, chacun pouvant s’avérer vermoulu au point de menacer toute la structure. Sans que je puisse savoir à l’avance lequel, en cédant, mettra bas tout le château de carte.
Sans compter qu’il y a évidemment une autre face à la médaille : je suis moi-même un de ces agents de la confiance. À commencer par mes enfants, pour lesquels cette confiance est non seulement axiomatique mais due, selon moi du moins. Condition sine qua non d’un développement psychologique harmonieux (dans l’idéal en tout cas).
C’est là une responsabilité considérable, à laquelle j’ai peut-être déjà manquée, parfois sans même m’en apercevoir sur le moment. Mais dans le prodigieux vortex dans lequel nous avons été précipités collectivement ces derniers mois, je crois que c’est là une chose que je peux être fier d’avoir bien faite : mes enfants n’ont jamais eu à se plaindre de la moindre rupture de confiance à mon endroit (ou à notre endroit, puisqu’il faut bien inclure ici leur mère également).
By the way, quand on parle de confiance en l’avenir, assure-t-on que tout va bien aller ? Ou que tout va continuer ? Ce n’est malheureusement pas du tout la même chose.



Dernier ajout : 17 mars. | SPIP

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