Gare II
dimanche 12 juillet 2009, par
Hasard, ou choix délibéré ?
Ils sont côte à côte, pourraient être mari et femme — lui, petit dégarni, fixe de ses minuscules yeux de fouine, inquiets et jaloux, les hommes alentours qui pourraient lui convoiter son bien, me foudroie de ce regard à la fois enfantin et primaire —, attendent sagement l’annonce de leur train (ce sera le même que le mien, ils descendront à la même gare que moi, et son petit manège reprendra, plus mesquin et méfiant encore, biaiseux, alors qu’elle aura un petit sourire flatté à mon endroit sur le quai de gare de cette petite ville du nord). Je ne m’aperçois pas tout de suite de ce qui me surprend chez eux. Quelque chose attire mon regard, intrigue mon esprit, mais je suis incapable de le mettre en mot. Ce n’est qu’en posant mes yeux sur le col de sa chemise (à lui), que je comprends enfin.
Ils sont tous deux vêtus d’une petite laine orange (vous vous rappelez, le Tang à l’orange ?), gilet (elle), pull col en V (lui), sur une chemise (lui) et un chemisier (elle) rayés horizontalement aux mêmes couleurs (un peu passées, comme longtemps exposées au soleil, ou lavées mille fois par l’autre lessive, celle qui ne lave pas plus blanc que blanc et n’est pas l’amie des couleurs) de l’Irlande.
Chez elle, heureusement, le décolleté vient mettre fin à l’infernale similitude.
Comique. Je souris, retiens un rire. Il le voit et s’étonne, mais bon, que dire ?