Ce qui aurait sans doute immédiatement sauté aux yeux de notre hypothétique témoin, ce sont les feux tricolores qui semblaient, comme en pleine nuit, s’obstinaient à réguler une circulation pourtant réduite à néant. Car, de même que leurs propriétaires, toutes les voitures, tous les camions, tous les véhicules qui d’ordinaire peuplent rues et avenues avaient disparu à leur tour, comme évanouis, ou estompés par une gomme puissante, ne laissant trainer que quelques rares lambeaux de (…)
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Articles les plus récents
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Sur son erre
23 juillet, par Jérémie Szpirglas -
Un monde dépouillé
22 juillet, par Jérémie SzpirglasTout était vide. Rien. Pas une âme qui vive. Pas un animal, pas un pépiement d’oiseaux. Seuls le végétal semblait avoir perduré — et encore, peut-être était-il destiné sous peu à disparaitre à son tour, le temps que les feuilles jaunissent et tombent, le temps que la sève cesse son épuisant ascenseur. Un zéphyr suave bruissait dans les frondaisons. Imperturbables, quelques cumulus poursuivaient leurs chemin dans le ciel. Mais au sol, rien.
Et pourtant, tout semblait tellement empreint de (…) -
13 juin
13 juin 2024, par Jérémie SzpirglasPeut-on faire une grève générale à soi tout seul ? Sans doute pas. Même si c’est effectivement assez général à mon titre. Avec une nuance toutefois : est-ce une grève, si on n’arrive pas à s’y mettre, si le travail est entravé par l’angoisse, la pensée qui tourne en rond ? En somme, ces jours-ci, ma grève ressemble à s’y méprendre à mes insomnies. Ce n’est pas une volonté propre. Mais je m’interromps — je me suis interrompu —, et le petit vélo qui tourne dans mon crâne m’empêche tout (…)
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12 juin
12 juin 2024, par Jérémie SzpirglasJe me souviens soudain de cette parole de Tristan Bernard, au moment de son arrestation pour les allemands en 1943 : « Notre situation s’améliore. Jusqu’à présent, nous vivions dans la crainte, désormais, nous vivrons dans l’espoir ».
Toujours cette interrogation : aurai-je le courage de mes convictions et de mes pensées. Je me sens coupable de ne pas aller plus manifester. De ne pas aller davantage dire ma rage avec la foule. Et en même temps je n’ai jamais été à l’aise dans quelque foule (…) -
11 juin
11 juin 2024, par Jérémie SzpirglasOui, quelle merde. Pourquoi s’emmerder. Exactement le même sentiment qu’en novembre 2016 : je tenais entre mes bras mon bébé d’à peine un mois, qui ne trouvait pas le sommeil — et qui ne l’a pas trouvé pendant plusieurs mois sinon tout contre moi en train de faire les cents pas. L’effarement quand j’ai vu cette aguille du baromètre de probabilité du New York Times, en faveur de Donald Trump. Et je me suis demandé comment j’avais pu faire une telle connerie de faire venir un enfant dans ce (…)
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Orthographe et diversité linguistique
14 mai 2024, par Jérémie SzpirglasPetite réflexion du matin. Sans prétention aucune. Mais qui nécessiterait peut-être une étude approfondie de la part de la socio-linguistique (si tant est que pareille discipline existe).
La fixation (et la rigidification) de l’orthographe d’une langue n’est-elle pas à l’origine d’une ouverture limite aux langues étrangères ?
Le fait d’inculquer à nos jeunes écoliers l’exactitude orthographique ne les empêchera-t-il pas, par la suite, de distinguer la familiarité entre deux mots (…) -
Lundi 21 novembre
21 novembre 2022, par Jérémie SzpirglasIl m’arrive parfois, au détour d’une conversation (généralement avec une vague connaissance, ou une nouvelle rencontre), de pointer les difficultés pécuniaires et la situation extrêmement précaire du plumitif quotidien. Invariablement (ou presque), on me renvoie à :
-- Mais, c’est une passion, tu aimes ce que tu fais, non ?
Évidemment : c’est une passion. Et alors ? Le fait que j’aime ce que je fais n’est nullement une raison suffisante pour que je ne puisse vivre. Ou alors, il faudrait (…) -
22 septembre
22 septembre 2022, par Jérémie SzpirglasÇa fait longtemps que je ne l’ai pas écoutée. Bizarre d’ailleurs. C’est une œuvre de chevet, de celles qu’on écoute régulièrement, une œuvre refuge aussi, peut-être, une œuvre qui transporte. Littéralement. Ça fait longtemps que je ne l’ai pas écoutée, mais voilà. Je la réécoute. Là tout de suite maintenant. Je sais exactement où elle va, je sais tout ce qui va se passer. Je pourrais presque en retranscrire de tête la partition (j’insiste sur le presque), et pourtant quelle surprise. Un peu (…)
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7 septembre
7 septembre 2022, par Jérémie SzpirglasDans un monde venu prématurément à terme — ce n’est donc pas un bébé, car un bébé ne vient jamais prématurément à terme —, y aurait-il encore quelque chose à dire, à raconter ? La fin de l’histoire est-elle la fin des histoires ? Manifestement non, mais l’histoire, comme les histoires, existent-elles s’il n’y a personne pour les raconter ? — Tiens, ne serais-je pas là en train de parler de mon précédent roman, Anthropocène ? — Ça ressemble au chat de Schrödinger, et en même temps — tout le (…)
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1er septembre
1er septembre 2022, par Jérémie SzpirglasOu alors prendre un nouveau départ. Profiter du nouveau départ ambiant, se laisser entraîner à son tour. Le cœur serré, les genoux tremblants, l’estomac retourné, au bord des larmes, perdu dans l’immensité d’une nouveauté incognita, livré à soi-même. Pas le choix. Pas le choix. Pas le choix. C’est peut-être ça, le vrai problème : on a le choix. D’autant plus qu’on se fixe soi-même ses objectifs. Qui viendra nous taper sur les doigts si on ne les atteint pas ? C’est pourtant exactement ce que (…)