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Vendredi 5 juin

5 juin 2020

General Pause — Chapitre 15

Une hypothèse très sérieuse est liée à la pollution atmosphérique : des particules émises par les industries ou les transports routiers auraient servi de catalyseurs aux effets de la drogue, accélérant et aggravant ses effets hallucinatoires et délétères, tout en provoquant, fait extraordinaire, une forme de contagion des effets de la drogue.
Mais l’hypothèse la plus probable reste celle d’une contagiosité via des ondes électromagnétiques, portées soit par des réseaux de fils de cuivre, soit par faisceau lumineux concentré soit, tout simplement, par des photons de longueurs d’onde variables. Comme si les ondes sonores, portées jusque-là par l’air, au moyen de variations de pression atmosphérique, avaient tout soudain été en mesure de se transmuter. Au reste, nous avons récemment découvert un écrit d’une dealeuse de l’époque, qui affirme avoir été capable de réaliser cette transmutation, directement. Je cite : « Vertige de cet univers ondulatoire dans lequel nous baignons. Tel notre propre corps également animé d’ondulations, de rythmes multiples. Il est tout aussi vertigineux d’aller vers le mini, x-ray, gamma-ray et autre « nano ». Dans ces inconcevables dimensions, il y a aussi cette toute petite zone, entre quelque 50 ou 60 hertz et jusqu’à 12.000 hertz ou plus pour quelques espèces ces vibrations se transforment en sons. »
Comment a-t-elle réussi ce tour de force ? Difficile de le comprendre. Mais il convient de rappeler ici que, sans maîtrise aucune de toute science nucléaire, des spécimens d’Homo Sapiens Sapiens qui ont vécu aux alentours des ans 1300 à 1800 de l’ère catastrosapiensienne, affirmaient avoir réussi une autre forme de transmutation, au niveau atomique cette fois : transformer du plomb (dont le numéro atomique est 82 auquel s’ajoute, pour sa forme la plus stable et courante 126 neutrons) en or (numéro atomique de 79, stable avec 118 neutrons). Ce qui représente quand même un tour de force conséquent : arracher à un noyau atomique 3 protons et 8 neutrons requiert comme on sait une énergie considérable — qu’Homo Sapiens Sapiens n’ai jamais réussi à maîtriser et encore moins à produire.
S’ils en ont été capables, qui peut affirmer qu’ils ont été incapables de transformer une variation de pression en onde électromagnétique, sans que cela repose aucunement sur une forme de codage-décodage. Je tiens ici à préciser que l’impérennité des technologies silicatées utilisées par Homo Sapiens Sapiens à l’époque nous laisse dans la pénombre pour comprendre nombre de ses coutumes et exploits. Difficile, en effet, d’en comprendre le fonctionnement, qui semble incroyablement complexe pour des résultats bien souvent décevants (exception faite, bien entendu, de cette fabuleuse transmutation dont nous venons de faire mention).
Toujours est-il que, de la même manière que les transes étaient déjà, on l’a dit, communicatives et collectives — mais dans des proportions et une ampleur plus ou moins réduites —, cette fois, cette communicabilité et cette communion devinrent planétaires.
Le nombre de dealers s’accrut considérablement. Des individus qui n’étaient jusque-là que des amateurs, des dealers du dimanche, se joignirent aux grossistes les plus en vue. Et la consommation devint exponentielle, empruntant prioritairement les canaux électromagnétiques. Dans une immense transe collective planétaire, la société toute entière s’arrêta.
Plus personne ou presque ne sortit, plus personne ne sembla en éprouver le besoin. À part les médecins débordés par un tsunami d’overdoses.



Dernier ajout : 17 mars. | SPIP

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