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Samedi 9 mai

9 mai 2020

Confinement et bricolage

Soyons clairs d’emblée : je déteste bricoler.
Non pas que, occasionnellement, je ne tire pas quelque fierté à me salir les mains pour donner quelque répit à tel ou tel appareil ménager. Ce que je préfère, ce sont les réparations en mer. De toute sorte. Mais ce n’est pas mon activité préférée — ceci est un understatement. Ce que je déteste le plus, c’est tout ce qui peut potentiellement mal se passer : scier, faire des trous (chose à laquelle je répugne plus que tout : j’ai toujours peur non seulement de me blesser, mais aussi d’abimer un mur de tomber sur un câble électrique, voire de mal fixer objets ou meubles qui tomberaient alors sur mes enfants — sans parler du choix cornélien de la foreuse adéquate : mais de quoi est donc fait ce satané mur ?)… Bref, j’ai toujours peur de faire une bêtise.
Bricoler me met donc dans tous mes états. D’un bout à l’autre.
Je crains tant de me fourvoyer que j’essaie au maximum de planifier le travail de bricolage, de penser à tout, de préparer les outils, de faire les choses dans l’ordre (je remercie en cela l’un de mes cousins qui m’en donna une leçon magistrale lors de travaux que je fis dans mon premier chez moi…). Évidemment, j’oublie toujours un truc — ou alors je rajoute une étape absolument inutile (comme aujourd’hui, où j’ai fait le travail aller puis retour, non sans avoir dévissé au passage des vis qui n’en avaient nul besoin, ce qui, de surcroit, m’obligea à un remontage compliqué).
Bricoler me vide. Pendant, je suis obligé de me mettre en caleçon, tant je sue : je sue plus en bricolant qu’en faisant du sport ! J’en sors lessivé (et le mot n’est pas choisi par hasard, puisque j’écris aujourd’hui à ce sujet puisque j’ai réceptionné mon nouveau lave-linge, qu’il a fallu installer de A à Z (en temps de confinement, on ne le fait plus pour vous), non sans réorganiser au passage notre espace buanderie, en bougeant tout puisque la porte du nouveau lave-linge ne s’ouvre pas dans le même sens que l’ancien…). J’ai toujours besoin d’une sieste après.
Et puis, même si j’ai pris toutes les précautions possibles et imaginables, je découvre toujours après coup que je me suis blessé — généralement à des trainées sanguinolentes sur les vêtements ou les objets. Rien de grave bien sûr. De simples micro-coupures. Mais de ces micro-coupures mal placées (aux articulations interphalangiennes, par exemple), qui mettent un temps fou à cicatriser, et qui piquent chaque fois qu’on se lave les mains — ce qui, en ce moment, est quand même très désagréable, puisqu’on se lave les mains toutes les heures, voire davantage.
Quand, au début du confinement, j’ai vu que le bricolage était une des activités les plus prisées par mes contemporains pour passer le temps, je me suis dit : très peu pour moi. Hélas, j’ai été rapidement rattrapé par la réalité.
Ce n’est pas ça qui va me faire aimer le confinement. Et moins encore le bricolage.
Et ce n’est pas ça qui va me convaincre que le survivalisme est pour moi.



Dernier ajout : 17 mars. | SPIP

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