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Mardi 24 mars

24 mars 2020

Un très très très long week-end ?
Il y a un peu de ça. Déjà, d’habitude, les enfants se réveillent beaucoup plus tôt les samedi et dimanche que les autres jours de la semaine (entre 6h et 6h30 en général), alors que, les jours d’école, il faut quasiment les tirer du lit par les pieds à 7h45…
Et bien que croyez-vous qu’ils fassent en confinement ? Lever à 6h, à 6h30, à 6h20… Bien sûr, commencer le plus tôt possible, le plus fatigués possible, pour être les plus excités possible dès le petit matin !
Ce confinement s’annonce donc comme un très très très long week-end. Pluvieux de surcroit — on ne peut pas sortir. Et quand on en sortira, on sera effectivement plus vieux. Nettement plus vieux. Quand on songe que ma fille n’a pas encore un an : un mois de confinement représente 1/10 de sa vie extra-utérine…
Qu’en comprennent-ils ? Comment assimilent-ils cette autorité qui est supérieure à leurs parents, à leurs institutrices•eurs ? Comment l’identifient-ils ? Qu’en retiendront-ils ?
Probablement quelque chose comme une angoisse impalpable. Un peu comme les enfants qui ont connu la crise des missiles de Cuba. Pas aussi traumatisés que les enfants de la guerre, bien sûr, mais comme surplombés par une puissance étrange et potentiellement létale, qui peut s’incarner en l’autre, quel qu’il soit — et jusqu’en leurs parents, justement.
Moi-même, j’ai du mal à me rendre compte que j’accepte tout cela sans (trop) broncher. Comme un enfant finalement. Auquel on dit de ne pas toucher ci, de ne pas toucher ça. Un peu plus discipliné quand même, puisqu’à nos âges, nous n’avons plus trop besoin de défier l’autorité. Enfin ça dépend laquelle. C’est compliqué. J’ai du mal à comprendre pourquoi et comment j’accepte tout cela. Est-ce la peur du flic ? La peur du virus ? Ni l’un ni l’autre. Plutôt la peur pour mes parents. Et, surtout, ces conversations que j’ai avec mes amis et connaissances médecins ou plus largement soignants : une marque de respect. Si rester chez moi leur facilite le travail, alors allons-y. Et encore : pour sauver qui ? Si au moins ils pouvaient faire le tri ! [1]
Mais non, pas de tri. Et je trouve toujours tout ça complètement absurde.
Je lisais ce matin un texte d’Arnaud Maisetti publié hier, et notamment cette phrase : « il [le virus] voudrait seulement croître et se multiplier. » Il ne fait pas le rapprochement, mais il m’a quant à moi frappé : l’injonction de Dieu dans la Genèse : « Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l’assujettissez ; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre. » Voilà : le virus comme nouvelle espèce élue du Divin.
Comment lui en vouloir alors que c’est que nous faisons depuis des millénaires ? Peut-être réussira-t-il mieux, non ?
Ça fait aussi, bien sûr, penser aux Dix Plaies d’Egypte, ou à Sodome et Gomorrhe et tant d’autres de ces fabliaux d’inspiration (a)morale dont la Bible est remplie…
Je suis étonné qu’on n’entende pas encore chanter haut les prophètes de malheur !

[1Et on dit qu’il est impossible de faire de l’humour noir aujourd’hui. La preuve. Même moi, j’ai presque honte de ce que je viens d’écrire. Je ne devrais pas. Même si, c’est vrai, la blague n’est pas très bonne. Aller, promis, j’aurai moins honte quand j’en trouverai une excellente.



Dernier ajout : 16 mars. | SPIP

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