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Histoire de Mélodie — I

9 février 2010

Ça allait plutôt mal dans ma vie.

Je sais. Je suis névrosée, hypocondriaque, égocentrée, je n’ai aucune confiance en moi, je pense toujours que je suis une loser. Mais là, c’était pire. Alors écoutez-moi quand même.

Sylvain venait de me plaquer pour l’une de ses collègues de bureau ; je collectionnais les rendez-vous foireux et les histoires d’un soir.

Au bureau non plus, c’était pas l’idéal. Je me battais pour faire mes preuves et obtenir un poste un rien meilleur.

Bref, je me sentais mal dans ma peau et mes trois kilos en trop, ma peau fatiguée, et mon teint blême n’arrangeaient rien.

J’arrivais ce matin-là au bureau avec un mal de crâne terrible. J’étais sorti la veille avec Edouard, mon pote homo avec qui on fait des compétitions de « qui est le plus malheureux ? » et de « qui a les expériences les plus navrantes ? ». Je l’adore, on s’amuse beaucoup, on s’entend comme frère et sœur. Et on boit trop. Beaucoup trop. Et la soirée de la veille ne faisait pas exception. Les cocktails à huit euros, je les sentais passer. Ah ! Quelle idiote !

C’est pas les Happy Hours qui y changeront quoi que ce soit.
Résultat, je m’étais levée en retard, j’étais mise comme un sac, les cheveux sales, complètement en vrac. Dans le métro, je m’étais limite endormie sur mon bouquin. Ça peut être très chiant, Balzac, surtout le Lys dans la Vallée. C’était même pas la peine d’espérer que je fasse autre chose au boulot que faire illusion, pendant que je surferais sur le net et que je lirais mes dizaines de blogs débiles, sans même les comprendre.

Je m’étais à peine assise avec mon triple express bourré d’aspartam que mon boss m’appela.

— Ça t’intéresse toujours le poste de Senior ?

— Bien sûr !

— Et bien voilà l’occasion rêvée.

Et il me refourgua le dossier que personne ne voulait à l’agence : le Sa-lon du Roman d’Amour de Monte Carlo. Ah oui, je vous ai pas dit : mon boss, c’était aussi Sylvain, le type qui m’avait plaqué, et la collègue de bu-reau en question, c’était ma secrétaire. Nul besoin de vous dire que l’ambiance était pour le moins tendue entre nous.

Finalement ce dossier n’était pas un cadeau si empoisonné que ça : ça me donnerait l’occasion d’être hors des locaux de l’agence et de ne plus les voir se couver des yeux et se faire des mamours. Je supporte pas les petits couples, alors quand le mec est mon ex, je vous raconte pas. C’est encore pire. Avec tous les « Mais il était pas comme ça avec moi ? Quel salaud ! »



Dernier ajout : 17 mars. | SPIP

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