{process=oui}
Inachevé.net

Site de création littéraire plus ou moins expérimentale

Carnet(s) III

5 décembre 2008

Il est là sans être là, il est mort mais continue d’agir, inscrit dans notre conscience collective, et plus encore dans la conscience de ses proches.

Bah voilà un sujet, certes annexe, et pas tout à fait au cœur du problème, au cœur de Gainsbourg, mais que fait le conjoint qui survit à un personnage de cette envergure ? Passé le choc de la mort, passé le deuil — peut-on d’ailleurs vraiment faire ce deuil de la même manière que les autres le font ? non, sans doute —, après 10, après 20 ou 25 ans, que se passe-t-il avec d’autres amants, les enfants qu’on aura peut-être. Sans parler de B. qui, en plus, est la dernière compagne, le pis aller, la rebound girl, la compagne avec qui on tue le temps en attendant la mort, qui n’est pas J. — qui, elle, s’en est sortie car elle avait fait déjà son deuil de la relation. Voilà sur quoi il te faut écrire. Dès maintenant.

Les demandes d’interviews, les problèmes de droit, les institutions qui s’emparent de la mémoire, les hommages, les noms de rue, les fans qui continuent à écrire (plus sporadiquement, certes, mais la maison de disque, ou l’ancien studio, l’agent, continue à faire un envoi compilé de temps à autres), le pincement de cœur involontaire, et qu’on n’aurait jamais cru possible, lorsque le volume des courriers et des demandes s’amenuisent. Les séducteurs qui songeant qu’ils ne peuvent pas « prendre la place de », ne l’entreprennent que pour être passé là où l’autre est déjà passé.

Ça fait longtemps que les rêves ont passé. Quel âge avait-elle quand il a disparu ? 40-45 ou 35-40. Pour les besoins de l’histoire, il sera plus vieux qu’elle, et mort jeune. Nous sommes ensuite 10-15 ans plus tard. Ou plus ? De quoi est-il mort ? J’en sais rien, on n’en a rien à faire.

À la troisième personne du singulier, ou à la deuxième ? Je ne sais pas. On verra, ça dépendra des moments, je suppose.

Réussir à mener le travail au bout. Réussir à marquer l’absence — présent dans la langue, cette fameuse coquille vide, encore une fois.

Que fait-elle ? Fait-elle un métier ? Oui, elle pourrait avoir monté une petite agence de talent, qui perd de l’argent, qui n’a découvert personne. Ou, non. Rien ? Si. Il le faut.

Peut-être continuer à écrire sans trop savoir où on va. Fabriquer les pièces du puzzle (qui restera incomplet) au cours de l’écriture.



Dernier ajout : 17 mars. | SPIP

Si l'un de ces textes éveille votre intérêt, si vous voulez citer tout ou partie de l'un d'eux, vous êtes invités à contacter l'auteur.