Site de création littéraire plus ou moins expérimentale
Dernier ajout : 28 juillet 2021.
En lisant, en écrivant : rendons à Julien Gracq ce qui lui appartient.
Sans ordre ni désordre...
Ce n’est pas lever un voile, c’est chausser des lunettes. Chaque lettre a son contour, chaque mot sa couleur, et le réel se cisèle au fil de la plume. On y distingue un océan qui lui, une hélice métallique qui tourne majestueusement dans l’éclat d’un couchant lavé par les pluies, quelques éclats de couleurs — comme des éclats de rire d’enfant dans une cour de récréation (en plus tranquille et moins bruyant), des lignes au cordeau, au couteau, au rasoir, qui (...)
Proust au vol.
Finesse et lourdeur alliées en un. Lourdeur d’une syntaxe qui ressemble à un cerisier courbé de fruits au mois de juin, mais dite avec cette légèreté de ton, ce murmure discret de l’esprit savant et brillant qui se sait écouté et guetté. Délicatesse du vocabulaire dont la richesse ne choque qu’au tournant de la phrase, là où on ne l’attend pas, — et cette fascination pour le mot plus qu’à moitié juste, qui trimballe derrière lui ses cinq (...)
Parfois, j’aimerais qu’un texte pousse sans moi. Comme une plante. Verte. J’aurais juste à l’arroser de temps en temps, lui donner quelques mots en pâture, l’exposer à la lumière, laisser la sève faire son travail. De temps à autres, je m’arrêterais devant, je contemplerais les nouvelles ramifications du branchage, je m’émerveillerais comme un gamin à la vue d’une nouvelle feuille au printemps — une fois, deux fois, puis je me lasserais sans (...)
Et ce sentiment qui parfois descend sur moi comme un voile, diffus, rémanent, —dé—raisonné, que la ville n’existe que pour moi — destination stricte, individuelle, toujours détournée. Lignes et rames sont miennes, véhicule personnel ; les rues sont pavées (et bitumées) pour mes seuls promenades et itinéraires ; les lieux publics sont mes antichambres, n’attendent que mes pas pas perdus pour tout le monde (pas pour moi en tout cas) ; la ville me porte, m’apporte, à ma (...)
Notes prises sur le vif, pendant le spectacle chorégraphie L’oubli, toucher du bois de Christian Rizzo, le 25 février 2010, 20h.
Décor : pièce en travaux. Tréteaux, escabeaux, outils et ustensiles divers.
Scène 1 : De jeunes hommes arpentent la pièce, la vident.
Des gens qu’on déplace comme des meubles, des bibelots, précautionneusement, en même temps qu’on débarrasse le plancher, on les pose dans leur rigidité d’objet.
Musique : piano, répétitive, superposition (...)
Mince, j’étais sûr de l’avoir mise dans ma poche. Ma poche droite, là, celle-là. Je perds jamais rien d’habitude. Et c’est justement ça, la première chose que je perds. De ma vie. Une forme de fatalité, j’imagine. Pas de trou au fond — pantalon neuf. Saloperie de pantalon neuf, elle a du glisser, quand je me suis assis dans le métro. Imagine la gueule du type qui va la retrouver. Et mince, j’ai même pas mis mon nom dessus. J’ai encore mes sens, (...)
Angoisse — petit mot, quelques lettres seulement, à peine trois syllabes — grands effets — solitude acide — pollution bourdonnante — sècheresse en bouche et au coin des yeux — en bord de ciel, bordure de l’ombre — un bouchon en coin, au dessus de la tête et sous la main — ajouter à cela élancement au genou, belle recette pour une nuit farcie — angoisse — petit mot, grande farce — gaver, forcer, laver, délaver, vider, écailler — ma peau élimée, je la porte à grand peine, je la porte à (...)
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