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Mardi 14 avril

mardi 14 avril 2020, par Jérémie Szpirglas

Alors voilà : encore un mois à tirer. Étrange comme le cerveau humain fonctionne… A priori, et sans rien préjuger de la suite, nous sommes à mi-chemin de ce confinement forcé. Et, alors, que, lors de la première annonce, deux semaines nous paraissaient une éternité (et plus encore six semaines, qu’on nous laissait entrevoir), nous sommes presque soulagés à l’idée qu’il nous en resterait encore quatre. Et encore, si tout va bien. Et si le progressif annoncé du déconfinement [1] ne nous réserve pas quelque mauvaise surprise (car qui dit progressif dit qu’il y a des premiers et des derniers).
Soulagés. Nous avions tellement peurs d’une suspension des classes jusqu’en septembre et d’un confinement pendant tout l’été ! Comme quoi, les rumeurs/ballons d’essai ont du bon, manipulativement parlant : en faisant craindre le pire, on en vient à accepter ce qui paraitrait pourtant inacceptable à tout esprit rationnel.
D’autant plus que j’ai eu hier une énorme déception en écoutant notre cher défenseur des droits : moi qui croyais que, ayant été infecté et donc potentiellement immunisé lorsque les symptômes disparaitront, je pourrai bénéficier d’une forme d’exemption au confinement, garanti par un certificat d’immunité, je découvre que non, c’est juridiquement impossible. Il est en effet interdit de discriminer sur la base de l’état de santé. Ce qui, quand on y réfléchit un instant, paraît effectivement d’une grande justice : il serait absolument anormal et injuste que quelqu’un qui souffre d’une maladie quelle qu’elle soit, ou un handicapé, n’ait pas les mêmes droits que quelqu’un en bonne santé. De même, le fait d’avoir contracté une maladie ne devrait pas me donner des droits supplémentaires.
Il n’en demeure pas moins qu’une telle entorse au droit, si elle reste temporaire et limitée à cette seule maladie, peut sembler logique, voire légitime. Je ne suis pas juriste mais, à partir du moment où je ne peux plus mettre en danger autrui en sortant de chez moi, et que je peux ce faisant aider la société dans son entier à reprendre du poil de la bête, il me paraitrait dommage de ne pas en profiter. D’un autre côté, pas plus tard qu’hier soir, notre cher président en chef a suggéré exactement cela : discriminer les plus vulnérables en prolongeant leur confinement.
Une nouvelle preuve des complexités immenses du fonctionnement du cerveau humain, surtout lorsqu’il est plongé dans un bain sociétal.


[1Mon traitement de texte ne reconnaît toujours pas le mot « déconfinement ». Quand l’éditeur du logiciel fera-t-il une mise à jour pour l’ajouter au dictionnaire ? Ça me rappelle le temps où l’auto-correct de ce même logiciel persistait à changer « Mozart » en « Mazout ».