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30 septembre 2010

Là, là, là et là (il pointe du doigt, en fronçant le nez), et puis là encore. Et ça ne fait qu’empirer (il est rouge, il sue, à bout de souffle), ça bouge un peu partout. L’autre tremble imperceptiblement (son visage est dans la pénombre, on voit ses mains, tranquillement empilées sur la table), l’air bourdonne.

Une carte gigantesque est étalée entre eux, qui brillent dans le cercle vacillant de lumière d’une lampe tempête accrochée au plafond.

Ils sont songeurs tous les deux.

Un livre à la couverture jaune est feuilletée. Les feuilles sont couvertes de caractères fins et élégants, le papier est doux et souple sous les doigts, on devine que ce ne sont que de courts textes, on s’arrête, on ne sait pourquoi ; sur la page 147. On croit y lire ce qu’on a cru écrire, un jour, pas si lointain, et qui ne nous appartient plus.

Le livre nous tombe des mains — c’est un jeune garçon au teint gris qui le tient, son visage ne dit rien, reste sombre et taciturne dans la pénombre chaude et moite de cette nuit d’un état du sud, sa peau luit de sueur, imbibe le mince tissu de son marcel à la couleur indéfinissable. On s’écarte, il est affalé sur une chaise au milieu d’une place au plafond bas, le coude gauche passé sur le dossier de la chaise, crânement dirait-on s’il ne dégageait pas cette intense lassitude d’être, les jambes largement écartées, le pantalon sans forme comme un voile tombé sur une souche par un jour sans vent.

On devine aisément ce qu’il n’est pas.



Dernier ajout : 20 mars. | SPIP

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