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"La littérature n’est pas le seul lieu d’accueil de l’écriture"

25 février 2010

Notes prises sur le vif, pendant le spectacle chorégraphie L’oubli, toucher du bois de Christian Rizzo, le 25 février 2010, 20h.

Décor : pièce en travaux. Tréteaux, escabeaux, outils et ustensiles divers.

Scène 1 : De jeunes hommes arpentent la pièce, la vident.

Des gens qu’on déplace comme des meubles, des bibelots, précautionneusement, en même temps qu’on débarrasse le plancher, on les pose dans leur rigidité d’objet.

Musique : piano, répétitive, superposition de deux formules courtes, minimales. Quelques bruits électroniques, quelques voix lointaines baragouinant onomatopées.

On les transporte en objet, on les manipule, corps inanimés.

Battements sourds, violents, stridents...

Bizarrement, l’impression n’est pas d’une scène qui se vide.

Statisme de la musique, quelques notes épurées, qui s’épuisent très vites — séries minimales.

Rébellion de certains hommes-objets — qui aussitôt transforment l’autre en objet, le font choir.

Pantomime.

Retour à la séquence répétitive, une voix susurre quelques mots d’anglais qui se veulent inspirés et/ou poétiques — tellement attendu, sans originalité aucune.

Homme objet ou soudain handicapés ?

Enfin, la scène est nue, sauf une chaise, sur laquelle est assis un vieux monsieur — qu’on n’avait pas réellement remarqué auparavant.

Duo : une lutte lente, douce, presque tendre.

Lenteur, retenue, le corps comme ameublement, occupe l’espace plus qu’il ne l’habite

Cube de bois — Noir.

Scène 2 : Silhouette tout de noir vêtue, entre mystérieuse dans la pièce, fantôme sur la pointe des pieds, ombre énigmatique.

Les cinq premiers hommes entrent sur scène, en chemise cette fois, s’occupe du corps du vieux qui a roulé (mort ?) à terre. L’ombre se cache, s’éclipse.

Elle entre à nouveau par la gauche, apporte une enceinte.

Retour au piano sériel minimaliste.

Le vieux se réveille, fait face à l’ombre.

Jeux de lumière : un spot unique à l’avant scène : jeux des ombres sur les cloisons.

Ombres portées, tailles, mouvements, impression d’expressionnisme allemand.

On sort tous à reculant, laissant deux jeunes hommes se battre. Lutte brève, chutes, violence indifférente, policée, gracieuse. (retour sans intérêt de la voix) On prend l’autre par la tête, les cheveux, les oneilles, on le fait basculer à terre.

Silence absolu.

Plus longue lutte avec l’ombre — acrobatique.

Silence absolu (toujours).

Duo : l’ombre prend pleinement son rôle d’ombre, suis les gestes de l’autre, en imitation, prend les devants, la direction.

Silence absolu (toujours).

Le vieux entre — perturbateur. L’entente tourne à nouveau au pugilat.

Silence absolu (encore et toujours).

Corps sans vie, le vieux en arrêt devant — Noir. (chaque scène ponctuée par un mort)

Scène 3 : Mêlée à terre, pyramide au sol.

Les corps font comme une vague qui roule et roule en travers de la scène jusqu’à tous se figer dans la posture qui avait clos la première scène.

Entrée d’une "grande" ombre : filiforme, longiligne, arachnéenne.

Elle s’approche, dépose deux pierres blanches (une petite, puis une grosse) et, d’un geste, relance le mouvement du groupe au sol, qui s’excite de plus belle.

Musique électronique répétitive avec quelques souvenirs de piano.

(encore cette voix complaisante et attendue)

"Four grounded" : quatre personnes au sol.

Les corps se meuvent par crispation. Retour de l’ombre.

Musique : basse saturée, assourdissante, désagréable, qu’on entend jusqu’avec les pieds, le ventre, etc.

Ombre réfugiée, terrifiée dans un coin.

Avec les deux pierres blanches, l’effet d’une vanité.

Corps élastiques, souples, puis laissés traînés en douleur.

Solo frénétique de l’ombre — arachnéenne plus que jamais.

Les autres à terre sont comme des animaux, peureux, entre rongeur et reptiles, qui fuient quand approche l’ombre.

(encore la voix, dommage qu’elle n’ait aucun intérêt)

L’ombre longiligne, arachnéenne, est de retour.

Noir — "Rideau de lumière plus ou moins stroboscopique", Musique : piano, deux motifs superposés minimalistes

(durant ces interludes, bien des gens se lèvent)

Le rideau se lève, découvrant une scène plantée de cylindres étroits de différentes tailles et diamètres.

Scène 4 : Les deux ombres face à face. La plus petite se dévêt (haut noit, chaussure) : c’est une femme qui se retrouve en marcel blanc.

Silence.

Corps secoué, comme par des sanglots.

Ou alors elle est en train de baiser un partenaire imaginaire.

Retour des basses vrombissantes.

Toujours ce mouvement, toujours le même rythme, la même amplitude, en dépit des changements de position et de membres affectés par ces palpitations — peu à peu, l’impression d’un va-et-vient érotique s’évanouit.

Oscillation. Comme une respiration essoufflée, mouvement de gymnastique.

L’arrivée du vieux, toujours perturbateur, bouleverse encore la situation, interrompt — malgré sa discrétion.

Les cinq autres entrent à leur tour — ils sont tous des ombres, qui se mettent à remiser les cylindres contre les cloisons.

Gestes de découverte de l’autre, gestes de tendresse, entre l’ex-ombre et le vieux.

La grande ombre les aide.

"Ce geste élégant de la main sur l’épaule, que je renouvelle en pantomime dès que je me crois amoureux."

Le vieux meurt à nouveau. Il est enveloppé d’un linceul/couverture, et traîné sur le sol.

Le soleil se couche.

Interruption de la musique par un bruit blanc (le même qui a ouvert le spectacle) — Noir.

Fin.



Dernier ajout : 20 mars. | SPIP

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