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De la météo dans l’écriture

6 juillet 2009

Assommé les yeux sous le poids ont peine à s’ouvrir. Le corps n’est qu’embarras du choix sans espoir de (éviter la complaisance, éviter le nombrilisme) retrouver le sommeil (ça va, un peu nombriliste, mais ça peut encore passer (mais que dire d’ailleurs du “sans espoir”, pourquoi toujours ce désespoir affiché, comme si je me devais cette noirceur pour justifier, légitimer, ma prose) allons donc).

Ces derniers jours, je me suis surpris travaillant (écrivant, jetant, déchirant, découpant, montant, réécrivant, raturant, déchetant) beaucoup et quelques mots — deux ou trois, une demie douzaine maximum — reviennent comme des rengaines, devenant pour moi des clichés que je suis bien en peine d’éviter (étouffer, contourner, paraphraser, oublier, éliminer). Parmi eux, “torpeur”, “capiteux”, “suspendre” (souvent conjugué, en rapport au mouvement, au temps, à l’interruption) et tout un registre de fatigue (“las”, “exténué”, “lourd”, “somnolant”).

D’où cette réflexion étrange qui vient en relecture : quelle influence a la météo (phénomène concret, extérieur, circonstancielle et bien souvent inconséquent) sur l’écriture. Réflexion que j’effleure déjà dans l’un des projets menés sur ce site, mais jusque là sans bien m’apercevoir de sa pertinence — et sans grande conviction ni esprit d’analyse. Aujourd’hui toutefois, je m’en aperçois mieux, et les hautes températures atteintes ces derniers jours à Paris ne sont sans doute pas innocentes dans ce vocabulaire sensuel — voire érotique. Vocabulaire qui, bien qu’absent des vers de Baudelaire, me ramène sans cesse à L’invitation au voyage. Ce sont bizarrement ces mots-là qui me serviraient pour décrire l’image que le poème fait naître en mon esprit (bien aidé par ma libido, sans doute) — ces mots-là qui me serviraient éventuellement à en parler, à commenter, à dire la profonde émotion que j’ai à sa lecture. Image d’intimité, d’espace réduit à deux corps, de couleur chaudes et de tissus riches et soyeux, d’air empli de senteurs charnelles qui font oublier tout autre réalité que celle-là.

Ces hautes températures m’ont d’ailleurs fait revoir et corriger les quelques textes érotiques déjà en ligne. Vous pouvez ainsi lire une nouvelle version de Parfum d’été et, bientôt, vous pourrez lire celle de Et puis quoi encore, qui changera sans doute de titre, ainsi que deux nouveaux textes (hopefully).



Dernier ajout : 20 mars. | SPIP

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