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Sans-titre Froid I

8 octobre 2008

Glacier — oiseaux — vue

Dominé par la puissance massive de la montagne en face.

Au premier coup d’œil, tout paraît simple statique.

Chaque chose invariable, inaltérable, à sa place.

On a besoin de quelques dizaines de secondes pour s’accoutumer aux détails, comme quand on éteint soudain la lumière et qu’il faut laisser le temps à l’œil de se faire à la pénombre, de fabriquer les précieux bâtonnets, si fragiles, qui permettent notre vision nocturne. Les vagues sur la cascade, l’oscillation légère de la cime des conifères, qu’accompagnent leurs ombres, le frémissement des herbes rases, les moirures de la lumière sur les reliefs du glacier, la lente et incessante transfiguration nébuleuse des nuages. Plus tard encore, on prête attention aux variations du vent, aux gazouillis d’une précision implacable des quelques oiseaux, dont c’est enfin l’heure.

Et puis tout d’un coup, c’est l’habitude, et tout redevient statique, ennuyeux, une certaine impression de silence se fait.

Si l’on veut revoir tout ça, un effort sera nécessaire. C’est même un piège : car la lumière a changé, le vent a poussé les nuages, les détails ne sont plus à chercher aux mêmes endroits, aux mêmes vergences. Nouvelles singularités, nouvel ennui : tout est à recommencer.

Conversation saisie au vol, entre un père et sa fille.

–  Y a du soleil mais y pleut, dit le papa.

–  Un arc-en-ciel s’impose, répond du tac-au-tac sa fille, d’à peine cinq-six ans.



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