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Site de création littéraire plus ou moins expérimentale

25 août 2007 — 1 h 10

24 juillet 2008

Une petite infidélité ne fait pas de mal. Surtout quand il s’agit de bars et que celui-ci n’est qu’à 15 mètres de l’habituel. L’endroit est plus clair, sans doute plus franchouillard (les banquettes, la carte, la livrée de serveurs), beaucoup moins peuplé à cette heure-ci un vendredi. Beaucoup moins bruyant donc. Je peux écouter de la musique (quatuors de Schulhoff — flashback, à Tours, grand parc en bord de Loire, écouter ce disque la tête sur ses genoux, elle, concentrée, en devient presque plus désirable, si c’est possible) et travailler presque tranquille. Certes, il y a moins d’événements, d’animations et d’anecdotes à consigner ici, mais je suis sûr qu’avec un peu d’application (ce dont je n’ai aucune envie à cette heure), je trouverais sans doute quelque truculent à écrire.

Ce couple à ma gauche par exemple.

La femme joue les cadres dynamiques, mais je doute que sa position soit celle que sa mise et sa posture veulent afficher. Elle se donne bien du mal et ne se sent pas à sa place.

Faut dire, son compagnon n’est pas le moins embarrassant qu’on puisse trouver. Cheveux longs — un peu graisseux — commence un peu à se dégarnir — barbe de 15 jours au moins — montre swatch (à la mode d’il y a dix ans) — un peu gros — pantalons et chemise en denim — et déjà assez bourré pour jouer à l’ivrogne : gestes lourds et maladroits (il a déjà cassé deux verres) — voix avinée et traînante — le parfait ivrogne bourgeois accoudé au comptoir dans un ou deux ans. Jambes et bras sont agités de tics, qui sont plus ceux d’une habitude prise de nonchalance forcée. Il est en train de payer, non sans gratifier le serveur (certes sans aménité) d’une blague un peu grasse.

Je déteste comment est habillée la fille du couple à ma droite. Beaucoup trop « Vintage 80’s » avec des bottes en vieux cuir sur de grossiers collants noirs (ceux dont on use d’habitude en plein hiver, au ski par exemple, et encore, plus aujourd’hui).

L’ivrogne à ma gauche lance quelques éclats de rire aigus et plein de sous entendus.
Le couple à droite se perd en réminiscence quant à la soirée de leur rencontre. C’est plein de bons sentiments, d’hypocrisie et de fabrication a posteriori. C’est mignon et commun. Pour l’aborder, il lui a taxé une cigarette. Ah ! elle est belle la jeunesse d’aujourd’hui !

Le mec a roulé le bas de son jean, découvrant de grosses godasses qui montent et seraient plus à leur place en semi montagne (et encore, elles ne tiendraient pas bien longtemps) ou au pied d’un bataillon de l’armée de terre.



Dernier ajout : 20 mars. | SPIP

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